Orchestral Manœuvres in The Dark, La Cigale
- nodiscomedia
- 18 févr. 2024
- 3 min de lecture
Orchestral Manœuvres in The Dark c'est ma madeleine de Proust. Ça a un goût de vacances, de nostalgie fantasmée et de synthpop que l’on écoute à fond dans le casque en marchant rapidement dans les couloirs de la 12.
Fin septembre 2023, la billetterie est annoncée : je prends une place, j’en offre une à mon père pour son anniversaire, et le 16 février 2024 arrive très vite. Les portes de La Cigale ouvrent à 19h, nous arrivons une heure avant et remontons les trente mètres de personnes déjà debout dans le froid. La foule qui attend est plutôt âgée, proche de la retraite. Pas mal de réac, ma belle-mère me souffle c’est les années 80…
19h05, pas d'accréditation, juste mon billet scanné et un tout petit appareil photo compact, un peu kitsch et très attachant. On passe prendre une pinte avant de monter tranquillement le premier escalier qui mène à la fosse. Petit amas de grands fans au centre, mon père, ma belle-mère et moi nous installons sur la droite, à 50cm de la scène qui nous arrive à la poitrine. La salle se remplie petit à petit, un groupe de filles un peu plus jeunes que moi se place juste derrière mon père, qui reste statique quand Walt Disco lance les festivités. À cinq sur scène, le jeune groupe écossais nous envoie une pop queer ultra-puissante ; parfois elle sonne métal, parfois elle sonne Panic! at The Disco, et très souvent elle sonne David Bowie. Les jupes et chemises victoriennes cintrées sous les gilets moulants volent au fur et à mesure que la première partie se déroule. Le public s’entraine lui aussi, bien qu’une poignée de spectateurs tenaces résiste et tire le menton jusqu’au sol, incapable d’apprécier un peu d’inconnu. Le groupe ne séduit peut-être pas les 1400 personnes présentes (en tout cas pas mon père) mais termine tout de même son show sous une ovation d’un public fier de sa jeunesse.


Après à peine trente minutes d’installation, les quatre membres d’OMD montent sur scène, électriques. Ils débutent le concert avec Anthropocene, le deuxième titre de leur dernier album. Paul Humphrey est concentré sur son clavier pendant qu’Andy McCluskey utilise tout son corps comme baguette de chef d’orchestre. Vrai chorégraphe, il frappe ses épaules, ses mains, ses pieds et son torse en roulant ses bras au rythme de la batterie. Il attrape sa basse et le concert peut commencer. Ils suivent avec Messages, puis Tesla Girls et tout le monde devient fou, le sol de La Cigale se transforme en praticable.

Are you ready to dance ? It's gonna last seven hours !

Ils enchaînent les titres avec une énergie qui dégouline de sueur : nouveau single, dernier album, quelques vieux titres. Il y a un homme d’une cinquantaine d’années à un ou deux mètres de moi avec son enfant ; il chante en souriant, ne loupe aucune parole. Juste au-dessus de sa tête, sur le côté de la fosse, un autre homme écoute le groupe les larmes aux yeux, les bras croisés d’émotions. Encore au-dessus, dans les balcons, il y a une dame que l’on ne soupçonnerait pas dans la rue crier d’amour à un concert de new wave. Le groupe de filles derrière nous hurle à plein poumons, si fort que mon père me demande de prendre sa place.
La salle n’est pas si petite que ça mais OMD donne un concert intimiste, où les mains se serrent, les médiator s’offrent, et les gourdes des musiciens abreuvent la fosse.
It might be water, it might be vodka, oh fuck sorry, vodka...

Peu de gens filment, je crois que chacun se limite à la vidéo de son titre préféré, alors je sors le téléphone pour Souvenir. Enola Gay explose les murs, et même les instruments sont chantés. OMD quitte la scène puis revient pour trois dernières chansons. Look At You Now du dernier album, Pandora’s Box sortie dans les 90’, et enfin la tant attendue Electricity, le tout premier single d’Orchestral Manœuvres in the Dark, the fastest ever. Remontée dans le temps à pleine vitesse, Malcolm Holmes souffre à la batterie, les gouttes tombent de son crâne, et Martin Cooper regarde avec de grands yeux et un sourire timide le public parisien derrière son saxophone et son clavier.
Les quatre anglais s’en vont pour de bon, les lumières se rallument et La Cigale se vide, ne laissant que les verres de bière au sol. On sort, beaucoup parlent de Walt Disco.
Le gamin a encore du chemin à faire pour prendre la relève, mais c’est vrai qu’il a du Bowie.
Show parfaitement écrit qu’il est rare de voir pour les vieux groupes, je rentre à Clignancourt et Sailing On The Seven Seas plantera sa tente dans ma bouche pour quelques jours.

© Hortenser pour nodisco




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