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Menergy, Gibus

  • nodiscomedia
  • 21 déc. 2023
  • 3 min de lecture

Début décembre, je reçois un message sur WhatsApp accompagné d’un cœur blanc, c’est Oscar. Nous n’avions pas échangé depuis la nouvelle année 2023, lorsque j’avais reçu une carte de vœux Menergy, depuis aimantée sur le frigo de la coloc.

Je prends mon agenda et note 15 décembre Photos Menergy - Gibus.


Jour J. Je suis en Picardie chez mon père, alors j’emprunte sa voiture et je décolle pour Aubervilliers. Avant la soirée, j’ai un contrat de travail dans un centre d’art, je filme une conférence de Shirin Barghnavard. Mon sac est rempli de cartes SD, casque audio, caméra, trépied, batteries, je pense avoir tout ce qu’il me faut. J’ai aussi pensé à emporter mon livre de Nowicka. La conférence se faisant attendre, je lis et finis par enfin lancer la caméra. Le temps ne s’arrête pas de filer ; il est si goinfre qu’il gobe une première batterie. 1h30 plus tard, la discussion se termine officiellement, et continue autour de bouteilles de rouge. Je remballe tout, décolle le gaffeur du sol, dis bye thank you for tonight see you et cours à la voiture en priant tous les dieux de ne pas trouver de PV sur le pare-brise. De visu : rien. On verra si je reçois un courrier orange pour la nouvelle année.


Deuxième job. Ma dernière fois au Gibus était aussi ma première : Oscar m’avait contactée pour photographier une Menergy presque quatre ans auparavant, c’était la première fois que j’étais payée pour mon travail d’image. Le club était plein à craquer, mon optique ne cessait de se maquiller de buée, tout était rouge et chaud. J’étais très peu confiante quant au résultat, me préparant à annoncer, penaude, que j’avais échoué et qu’aucune photo ne pouvait exister de cette soirée. Deux de mes meilleures clichés proviennent de ce 25 janvier 2020.

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(pas celle-ci, ça ça c'est juste l'entrée)

J’arrive au 18 rue du Faubourg du Temple, sous ce grand néon qui dessine un chapeau haut de forme. Je donne mon nom, j’avance vers l’énorme boule disco qui surplombe les escaliers et je croise Oscar. Il me donne deux cartes conso et m’emmène derrière le DJ Booth ; je me déshabille et pose mes affaires, ne me souvenant que trop bien de la température de la foule passé 1h du matin. Quelques réglages sur mon appareil et je passe au bar pour un rhum coca. Beaucoup d’entre vous diront tasteless, mais ça y est, je l’avoue blanc sur aubergine : c'est ma raison d’être. Je fais deux photos en attendant mon verre, je me tourne vers le barman et fais face à une grande, que dis-je, une immense écocup d’un demi litre remplie à moitié de rhum. Et une canette de coca. Petite. Très timide. Je vais rester plus longtemps que prévu c’est une certitude.

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Le Gibus se remplit très vite. Babybear termine son set et Rag arrive, concentrée sur sa musique. Le répit dure le temps d’une gorgée de canne à 40° et elle nous catapulte très loin, dans une énergie monstre et dénudée. J’ai envie de passer toute la nuit ici.

J’aime les hommes à la Menergy, ils sentent la sueur et le cuir, ils ondulent en tenant les uns et les autres très fermement. Je me surprends à m’engourdir de lascivité face au monde qui danse sa beauté, là où j’apprends comment à trois ou à quatre, on peut s’embrasser. Je pourrais rester là des heures, j’aimerais m’asseoir en tailleur sur la scène et regarder ce film, un casque sur les oreilles qui choisirait sa BO. Belle et romantique. Comme une grande nuée masculine, ils dansent sans s’arrêter, les mains dans les airs, parfois jointes ou posées sur les cous.

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Le temps file, je danse un peu, écoute beaucoup. C’est l’heure pour moi de mettre les voiles. Je fais quelques dernières photos et je m’en vais avec un seul but : trouver un grec ouvert. Bien que nous ayons danser dans les sous-sols de la ville lumière, ses maîtres kébabiers ont malheureusement besoin de sommeil. Je traîne comme une âme en peine à la recherche d’un dürüm piment, que définitivement je ne mangerai pas ce soir. Je rejoins ma voiture et par magie, j’arrive à connecter mon Spotify. Je lance The Dust on your Floor d’Art Fact, presque mélancolique de la soirée que je viens de quitter.

Mon GPS ne marche qu’à moitié, faute à ma playlist qui tourne. Je me guide à l’aveugle dans Paris, je préfère me perdre plutôt qu’une fois encore être tributaire de la sélection nocturne de Nostalgie. La mélancolie deviendrait grosse déprime.

Il est 5h, je viens d’arriver en Picardie. Mon ventre hurle la famine, triste de son piment. Je saute à la douche et me couche. Ce matin, mon père se pacse, je suis attendue à la mairie.

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Merci à Oscar et toute l'équipe Menergy

© Hortenser pour nodisco

 
 
 

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© 2023 par Hortense Raynaud.

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