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Omeyr

  • nodiscomedia
  • 16 oct. 2023
  • 4 min de lecture

Tout commença grâce à mon amie Fefe. Un soir de décembre 2021, elle nous propose de sortir ; un de ses amis fait un petit concert dans un bar. Malgré le froid cinglant qui s’abattait sur la capitale et nous lacérait la peau, ma coloc et moi ne pouvions refuser d'aller boire un verre.

Je me souviens avoir marché avec les filles sur les grosses dalles de Bourse, direction un bar planqué sous des échafaudages ; un tout qui me donnait l’impression de traverser l’hiver irlandais.

C’est en tout cas l’idée que je m’en fais.

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Le bar est bondé, les lumières sont vertes avec un peu de rose par ci par là. On commande des pintes ; une blanche pour moi, deux blondes pour les filles. Sur la droite il y a une porte ouverte, elle mêne à une sorte d’alcôve presque vide ; alors on s'installe face à la toute petite scène où gisent câbles et pédales de guitares. Le bar se remplit de façon assez conséquente : les gens s’entassent pendant que nous nous octroyons le luxe d’une table collante pour supporter nos bières.

Omeyr arrive sur scène, lance deux ou trois phrases qui font rire tout le monde et il commence à jouer. C’est à ce moment précis et sur cette chaise que je découvre sa musique. Les chanson défilent, et nous sommes toutes et tous là, à écouter avec le cœur et les oreilles.

Je me souviens m’être retournée vers mes deux copines, qui comme moi, avaient les yeux tout embués d’émotion.

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Fin septembre 2023. On s’était donnés rendez-vous chez moi, à Clignancourt. J’avais très difficilement installé dans mon salon le petit studio photo que j’avais trouvé d’occasion une semaine plus tôt. Le fond blanc rentrait pile poil entre les deux murs ; deux flash plutôt pas mal, mon numérique en guise de posemètre et pour la séance, un reflex argentique qu’une amie de la famille m’avait léguée.

Pendant que les lumières s’actionnent, Omeyr et moi échangeons, de tout et de rien : de la fin des études qui approche aux goûts musicaux de ses parents. Musique arabe pour son père, variété française pour sa mère. Il me raconte qu’il a commencé la musique en primaire avec le basson, mais que quand était venu le moment de passer au cycle 2 du solfège, ça s’était gâté.


"En réalité il faut être vraiment bon et moi je foutais rien

donc ma prof de basson a pété un plomb et j’ai arrêté."


Il enfile une chemise et une veste à « la couleur un peu moche mais qui rendra bien en noir et blanc » et on continue les photos.

Omeyr joue de la basse et de la guitare depuis le collège, à l'époque où Franz Ferdinand et Arctic Monkeys nous donnaient l'impression d'avoir digger comme des pros. J’ai ma vieille et poussiéreuse Fender Telecaster accrochée dans ma chambre, alors je la ramène pour le shooting. Il la prend et commence à improviser quelques solo sur la playlist lancée une heure plus tôt.

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Ça y est, 36 poses, c’est terminé. Je rembobine la pellicule. On s’installe dans la cuisine et on discute musique et photo autour d’une cigarette. Jeunesse bercée par The Strokes et MGMT, il s’est dernièrement laissé tenter par le patrimoine français : l’électro-poétique de Grand Blanc, et les textes et mélodies de Souchon.

Dans ses chansons Omeyr nous raconte des histoires ; les siennes ou celles de personnages sortis de sa tête. Pas vraiment des projections car il aimerait chanter un serial killer, un peu à la Maxwell’s Silver Hammer de l’iconique Abbey Road.

Un marteau, une tête et boom.

J’admire les artistes qui ont cette capacité à se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, car moi, je n’ai jamais réussi. Alors évidemment il me parle de The Wall des Pink Floyd, mais aussi du travail de Gainsbourg avec Histoire de Melody Nelson.

"Ça ne ressemblait à rien de ce qui avait été fait à l’époque."

Parfois, ces comptines sortent toutes seules, comme un boulet de canon qui nous adoube d’une sensation exceptionnelle. Parfois c’est un peu plus laborieux.

Avril, le premier titre de son EP, s’est étalé sur presque 7 mois. La ligne de synthé a surgi, puis a hiberné jusqu’à l’été. Aux beaux jours, il a été question de faire des choix ; il me dit que c’est souvent beaucoup de travail pour rendre quelque chose de ces idées qui émanent de nulle part.

La création résulte d’une suite de décisions : savoir s’arrêter au bon moment, et ne pas toujours chercher à se perfectionner. J’avais entendu Sébastien Tellier dire quelque chose là-dessus, alors que j’allais à Villetanneuse dans un bus miteux.

"C’est terminé le temps des essais. Si je veux devenir l’artiste que je rêve d’être,

un Van Gogh de la musique, c’est plus mumuse.

Il faut que je sorte des gros trucs maintenant."


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Son prochain EP, on l’attend pour 2024. Peut-être six chansons, en français et en anglais, dont trois sont presque terminées. Avril en est le prélude, une chanson ambigüe qui raconte une rupture mystérieuse, amoureuse ou nécessaire. L’esthétique rouge et florale nous donnera rendez-vous pour la nouvelle année.

"C’est du rock et c’est français."

Ça y est, l’après-midi est passée, Omeyr s’en va. Avant de partir il me parle de rendez-vous lecture en petit comité dans un bar, tous les premiers mercredis du mois. Même si je n’écris pas grand chose en ce moment, il me dit que je pourrais y lire d’anciens textes, ou plus simplement des choses qui m’inspirent. Peut-être un texte de Nathalie Barney.

Je range le petit studio, j’enroule les câbles, je remets les meubles à leur place. Sur les enceintes passent encore du rock, garage et indie, un peu romantique. Sûrement celui qu’il avait appris il y a 8 ans.

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© hortenser pour nodisco


 
 
 

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© 2023 par Hortense Raynaud.

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